Geneviève Dreyfus-Armand
Le Revenant éditeur, 2019, 440 p. 25 €.
En Quercy, à quelques kilomètres des limites administratives du département du Lot, un camp d’internement a fonctionné entre 1939 et 1945. Événement historique longtemps oublié, ce camp installé dans le Tarn-et-Garonne, à Septfonds, a servi également au département voisin : à l’été 1942 lorsque le gouvernement de Vichy, désireux de remplir les objectifs de l’occupant concernant l’élimination des Juifs d’Europe, lui livra des réfugiés considérés comme tels par les lois nazies et reprises par le dénommé État français. Alors, les Juifs étrangers raflés dans le Lot furent conduits à Septfonds et de là déportés dans les camps du Troisième Reich. Près de 300 hommes, femmes et enfants furent ainsi conduits à Auschwitz, très peu survécurent.
Le camp avait été ouvert en mars 1939 pour rassembler des républicains espagnols réfugiés en France après la victoire franquiste. Plus de 16 000 y séjournèrent, dans des conditions de grande précarité et la mortalité fut importante, comme l’évoque le cimetière espagnol. Partis pour travailler dans de nombreuses régions, des Espagnols allèrent renforcer la ligne Maginot et furent déportés par la Gestapo vers le camp de Mauthausen. Le camp de Septfonds servit également pour l’entraînement et la démobilisation de volontaires étrangers, puis fut un centre pour travailleurs forcés étrangers. En dépit de la maladie et de la mort, une vie culturelle parvint à éclore entre les barbelés, comme en témoignent les œuvres des « artistes de Septfonds ».