Les actes ont été envoyés à nos adhérents. Ils sont également disponibles au bureau de l’association
Colloque du
150ème anniversaire de la Société des Études du Lot
Comment mieux célébrer les 150 ans d’existence et d’activités de la Société des études du Lot (SEL) que par un colloque ? Que par deux jours et demi d’exposés, de rencontres, de découvertes croisées, de moments conviviaux, musicaux, festifs ? Le programme a été aussi riche que varié avec plus d’une vingtaine de contributions inédites : sur l’histoire de notre vénérable mais toujours dynamique Société, sur différentes périodes historiques, sur les milieux naturels peu connus de notre département, comme sur certains aspects de sa vie culturelle. Tel fut le colloque « Le Lot à travers l’histoire », tenu les 1er, 2 et 3 décembre 2022 à l’Hôtel de Ville, puis dans la salle des Congrès de l’Espace Clément-Marot de Cahors.
Nous avons souhaité organiser un colloque pluridisciplinaire alliant des contributions inédites, relevant aussi bien de l’histoire, de ’archéologie, de la géologie, de l’ornithologie, des sciences de la vie et de la terre, du sport ou de la connaissance du patrimoine matériel et immatériel du Lot. L’étude de la photographie ancienne dans le département a occupé une grande place, rendue concrète par la présentation de quelques tirages originaux. Afin de renouer avec les objectifs des fondateurs de la Société qui, en 1872, se donnaient pour objet le travail en commun sur « les sciences naturelles, la littérature, l’histoire et les antiquités » ; les centres d’intérêt étaient alors très divers, touchant aussi bien les sciences et les lettres que l’histoire et les arts. Il s’agissait d’étudier sous tous ses aspects le milieu environnant, le Quercy ; de veiller à la conservation de son patrimoine historique, architectural et culturel ; de contribuer aussi à la sauvegarde d’archives privées relatives à l’histoire du Lot. Avec une ambition, non dissimulée, de valoriser les talents provinciaux :
« Faire voir que les départements possèdent aussi des hommes capables et laborieux, contrairement à l’opinion accréditée en Europe et propagée à dessein par les ennemis de la France, que toute l’intelligence et toute l’énergie de la nation française se trouvent concentrées à Paris, et que la province n’a aucune valeur scientifique et littéraire1. »
Geneviève Dreyfus-Armand
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TABLE DES MATIÈRES
Le Lot à travers l’histoire, colloque du 150e anniversaire de la Société des Études du Lot, Geneviève Dreyfus-Armand | 3 |
La Société des études du Lot célèbre ses 150 ans, Étienne Baux | 7 |
Quercy ? Les hésitations d’une identité, Jean-Pierre Amalric | 9 |
La Société des Études du Lot, 150 ans d’activités | |
La Société des Études du Lot dans les années 1930, Étienne Baux | 23 |
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La Société des études du Lot célèbre ses 150 ans
La Société des études du Lot est née en 1872 de ce grand mouvement de curiosité et d’intérêt pour le passé qui a touché la frange cultivée de la société provinciale. L’idée de la nôtre vint à Jacques Malinowski, exilé polonais, professeur, passionné de tout, qui rassembla quelques amis ; petit groupe genre académie qui se réunissait souvent dans une salle de la mairie. L’article 1 de ses statuts lui donne pour but de « cultiver et répandre dans le pays le goût des lettres, des sciences et des arts » et aussi d’en recueillir tous les matériaux et tous les documents qui s’y rattachent. Vite structurée, elle regroupa professionnels et érudits qui, dans un Bulletin trimestriel, rendaient compte de leurs travaux aux adhérents et aussi adhérentes à partir de 1930, près de cinq cents en 1939.
À ses débuts l’équipe a publié les documents médiévaux les plus célèbres, recueilli les précieux fonds Greil et Gary et donné aux chercheurs l’indispensable bibliographie de Jean Calmon. Dépassant les compilations ou les pléthoriques généalogies, s’ouvre pour la Société la période de la critique historique avec Edmond Albe, Louis d’Alauzier, Jean Lartigaut, Patrice Foissac qui renouvellent la connaissance du Moyen Âge quercinois. Le nombre des contributeurs s’est progressivement élargi aux autres périodes, tandis que la préhistoire, confiée aux successeurs d’Édouard-Alfred Martel et Armand Viré, a bénéficié des travaux de Michel Lorblanchet et que l’archéologie, avec aujourd’hui Didier Rigal, a offert de spectaculaires résultats. De la sorte l’Histoire est devenue la discipline dominante de ses recherches. La Société a également contribué à la renaissance d’une section félibréenne du Lot et largement ouvert son bulletin à l’occitan.
Réunions devenues mensuelles, séances publiques, excursions, une puis deux par an, trois aujourd’hui, tel fut le vécu ordinaire de la Société par ailleurs bien intégrée dans le réseau des « sociétés savantes » dont elle reçoit toujours les bulletins; elle participe aux congrès et en accueille.
Sa présence dans la vie publique s’est aussi signalée par l’organisation, au fil des anniversaires, de manifestations du souvenir des Quercinois les plus célèbres: Jean XXII, Clément Marot – dont elle réalisa le monument de la place Champollion –, Léon Gambetta, et d’autres. À peine née et jusqu’à aujourd’hui, la Société, pas toujours écoutée mais toujours vigilante, n’a cessé de dénoncer ce qui risquait de défigurer nos cités, d’effacer des œuvres du passé. Quelques-uns de ses membres ont marqué leur époque, tels Joseph Daymard de 1873 à 1939, infatigable promoteur du tourisme lotois, et Jean Fourgous, auteur d’ouvrages sur les richesses du Lot constamment réédités.
Sa présence dans la vie publique s’est aussi signalée par l’organisation, au fil des anniversaires, de manifestations du souvenir des Quercinois les plus célèbres: Jean XXII, Clément Marot – dont elle réalisa le monument de la place Champollion –, Léon Gambetta, et d’autres.
À peine née et jusqu’à aujourd’hui, la Société, pas toujours écoutée mais toujours vigilante, n’a cessé de dénoncer ce qui risquait de défigurer nos cités, d’effacer des œuvres du passé. Quelques-uns de ses membres ont marqué leur époque, tels Joseph Daymard de 1873 à 1939, infatigable promoteur du tourisme lotois, et Jean Fourgous, auteur d’ouvrages sur les richesses du Lot constamment réédités.
Pionnière au départ, jouant alors un large rôle de précurseur, la Société s’inscrit aujourd’hui dans une époque et une société où le goût de l’histoire et le souci du patrimoine, grâce à l’enseignement de masse et aux politiques publiques, sont beaucoup plus répandus qu’il y a cent cinquante ans et il faut s’en féliciter. Mais riche de ses archives, de sa bibliothèque, de ses collections, de ses Bulletins aujourd’hui numérisés, de son site régulièrement mis à jour, elle se veut plus que jamais disponible et fidèle au vœu de ses fondateurs.
Étienne Baux
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Jean-Pierre Amalric
Héritier du nom et des limites du pays des Cadurques, le Quercy s’est plu à y trouver son identité ; la part faite par l’historiographie au siège d’Uxcellodunum en a fait une sorte de mythe fondateur. Mais qu’est-il advenu de cette identité tout au long des deux millénaires qui nous en séparent ? Sa personnalité, marquée par une forte diversité, a subi aussi bien l’action de forces centralisatrices – de la romanisation à I’Etat-nation républicain – que des mutations plus ou moins rapides, sous l’effet des migrations des axes de communication, des ruptures religieuses et culturelles… Que reste-t-il de nos jours d’une identité spécifique ne serait-ce qu’au sein de la nouvelle région Occitanie ?
Luctérius : monnaie à son effigie, et buste de Dominique Molknecht (1844), Bibliothèque municipale, Cahors.
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La Société des études du Lot dans les années 1930
Etienne Baux
Voici un tableau de la Société des études du Lot peu aprés le cinquantenaire de sa fondation, tableau établi sur la décade des années 1930. Qu’en était-il de son rayonnement, de son image dans le paysage culturel local et régional ? Elle était censée, selon l’article 1 de ses statuts, « cultiver et répandre dans le pays le gout des lettres, des sciences et des art ». L’analyse quantitative et sociale de ses membres, celle de son fonctionnement, des principaux thèmes traités dans ses bulletins et au cours de ses séances, de son implication dans les débats du temps, l’occitanisme en particulier, permet d’apporter quelques réponses. On évoquera aussi ceux qui l’ont portée à bout de bras pendant ces années de fausse paix. Tableau brossé sans complaisance mais avec l’empathie d’un héritier.
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Il était une fois : la Société des études du Lot. Ses origines. Quelques faits de son histoire
Jean-Michel Rivière
En ce 150° anniversaire de la Société, il a paru interessant de rappeler ses origines, les buts qu’elle s’était fixés en 1872, d’évoquer ses fondateurs et quelques-uns de ses membres « historiques ». Il sera rappelé, briévement, les grandes dates qui ont jalonné son histoire puis, péle-méle, divers événements qui lui ont permis de devenir cette institution à laquelle prés de cing cents membres sont affiliés, issus d’horizons divers. Une iconographie, provenant, en partie, des archives de la Société, permettra d’agrémenter le propos. Mais, 150 ans de vie ne pouvant se résumer en une demi heure d’exposé, il restera bien des surprises à découvrir pour qui aurait l’envie de rejoindre les rangs de la SEL.
La Société des sciences et des arts du Lot séante à Montauban
Jacques Carral
Il semble que la Société des sciences et des arts séante à Montauban soit historiquement la première société savante fondée dans le département du Lot, mais son existence a été éphémère, et peu de personnes en ont gardé le souvenir. Née en 1795, en un temps où la ville principale du Bas-Quercy était un chef-lieu de district du Lot, elle a été dissoute en 1809, à la suite de la création du département de Tarn-et-Garonne, l’année précédente, avec pour ville-préfecture Montauban.
En pleine Terreur, un décret du 21 thermidor an I (8 août 1793) de la Convention nationale avait supprimé les sociétés littéraires et les Académies, car elles étaient, pour les révolutionnaires les plus sectaires, des assemblées où les élites de l’Ancien Régime pouvaient comploter contre la République…..
Essai biographique sur Jacques-Antoine Delpon de Livernon, précurseur de la SEL
Guy Réveillac
Ce texte a pour titre « Essai… », d’abord parce qu’il ne prétend pas à l’exhaustivité, ensuite car c’est aussi un clin d’œil à Jacques-Antoine Delpon. En effet, hormis le célèbre livre Statistique du département du Lot, ses ouvrages s’intitulent «Essai»: Essai sur les monuments de l’ancien Quercy ; Essai biographique sur M. Henry de Richeprey ; Essai sur l’histoire de l’action publique ; Essai en faveur de la liberté des cultes4 ; ou bien Essai sur la position d’Uxellodunum. Ces écrits, et de nombreux articles sur l’agriculture, témoignent de l’éclectisme de leur auteur.
L’archéologie à la SEL, les chercheurs et les thématiques
Didier Rigal
À l’occasion du cent-cinquantenaire de la Société, je propose un bilan de l’archéologie et de ses évolutions, vues au travers des publications parues dans le Bulletin. Ne seront prises en compte que les publications faisant référence à l’archéologie, qu’il s’agisse d’une fouille sédimentaire ou d’analyse du bâti.
La Société des études du Lot (SEL) a été fondée en 1872, sous la Troisième République, lors de l’essor en France des premières « sociétés savantes ». Ses fondateurs, des érudits parmi lesquels Jacques Malinowski, Amédée Dangé d’Orsay, des notables, des esprits curieux dont de nombreux ecclésiastiques, avaient pour ambition: « […] le travail en commun sur les questions qui intéressent […] les sciences naturelles, la littérature, l’histoire et les antiquités
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Les photographes de la SEL et le patrimoine quercynois : mise en perspective dans l’histoire de la photographie
Nelly Blaya
En 2007, j’ai eu le privilège de numériser l’intégralité du fonds de la Société des Études du Lot pour les étudiants du Master Patrimoine sous la conduite de Geneviève Teil. Je m’appuierai donc sur l’important travail que les étudiants ont accompli. Pour commencer, il s’agit ici de restituer l’émergence de cette collection dans l’histoire de la photographie et des photographes lotois.
1826 : Nicéphore Niepce enregistre la première photographie du monde.
Nicéphore Niepce, né en 1765, propriétaire terrien et inventeur à Chalon-sur-Saône, est l’un de ces pionniers. Il s’intéresse dès 1817 à la gravure et au moyen de reproduire des images simplement et rapidement.
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L’hommage provisoire de l’évêque de Cahors et des principaux seigneurs du Quercy à Simon de Montfort durant la croisade contre les albigeois (1211)
Maxime Gazaud
1211. Toulouse. Tandis que le siège de la ville fait rage, l’évêque de Cahors, Guillaume V de Cardaillac, accompagné du légat Arnaud Amaury, se présente au campement de Simon de Montfort. L’évêque de Cahors rend hommage au chef de la croisade contre les albigeois, lui promettant secours et assistance. Par cet acte, il se soustrait à la suzeraineté du comte de Toulouse, Raimond VI, se rendant ainsi coupable de félonie.
Pour comprendre le contexte dans lequel cet évènement s’inscrit, il faut revenir un siècle plus tôt, au début du XIIe siècle, au moment où l’albigéisme1 se développe dans le midi de la France. Bien que rapidement considérée comme une hérésie par l’Église, cette nouvelle forme de foi chrétienne prend de l’ampleur et se diffuse dans la société méridionale.
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Le livre consulaire de Saint-Cirq-Lapopie (1534-1564)
Patrice Foissac
En 1960, dans un article du Bulletin de la Société des Études du Lot entièrement consacré à Saint-Cirq-Lapopie, Jean Fourgous, président de la Société, signalait, sous le titre « Un livre consulaire du XVIe siècle de Saint-Cirq-la-Popie », le don de ce registre de délibérations consulaires aux Archives départementales du Lot par les “propriétaires du château de Porteroque où il se trouvait dans un coffre avec d’autres vieux papiers”. La donation précédant de peu son compte rendu, il n’en livrait qu’un bref aperçu de deux pages tout en le considérant “très précieux étant donné la trop grande rareté des documents anciens concernant Saint-Cirq-la-Popie”.
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Les débuts de la communication administrative, l’exemple du Lot (1789-1815)
Charles Montin
Le but de cette communication est de présenter des travaux de recherche en histoire du Lot rendus possibles par la découverte, dans les papiers de la mairie de Carennac, d’un ensemble d’affiches officielles, techniquement appelées « placards » datant de la période 1789-1815. Une sélection d’originaux de ces affiches était présentée en marge du colloque. Les résultats complets sont publiés en ligne sous la forme de deux articles avec la liste des pièces et des échantillons représentatifs.
Rareté et utilité de la collection – Les placards sont une source documentaire qui intéresse les historiens, mais aussi les spécialistes de la communication, et même le grand public, car il s’agit de documents assez spectaculaires, comme on l’a vu lors de l’exposition de la collection détenue par l’Assemblée nationale en 2019.
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De Gisbert à Gisbert ou petite chronique de la vie municipale cadurcienne de 1742 a 1942
Marc Lecuru
Cahors, 1742. L’institution consulaire, vieille de six cents ans, touche à son terme. Le dernier de ses représentants, Jean-Joseph Gisbert (avocat, conseiller du roi, juge ordinaire de Cahors au Sénéchal), ne peut que constater le délitement de son pouvoir, voulu et orchestré par la monarchie. La tâche des consuls est lourde et ingrate. Chaque acte de la vie quotidienne est réglementé: outre la fixation des impôts, l’installation d’un artisan, la venue d’un étranger, le contrôle et la fixation des prix des denrées – de la viande et du pain en particulier –, la vérification du transport fluvial et de l’approvisionnement en sel, le calendrier des vendanges, le respect des bonnes mœurs. Ils se substituent bien souvent aux corporations.
Victor Carla (Bibliothèque patrimoniale, Grand Cahors)
François Sirech (Archives municipales, Cahors).
Jean-Henri Costes (Sénat)
Albert Tassart (© Coll. Tassart)
De G à D : Victor Carla, Grand Cahors), François Sirech, Jean-Henri Costes, Albert Tassart
Anatole de Monzie, maire de Cahors
Geneviève Dreyfus-Armand
Ce texte ne prétend nullement éclairer en totalité l’itinéraire d’un homme politique qui a fortement marqué la vie du département du Lot, et celle de la ville de Cahors en particulier, pendant plus de deux décennies du siècle dernier. Il ne sera pas fait état en détail de la carrière politique et intellectuelle, longue et diverse, de cet homme brillant et inclassable: sa seule évocation suscite encore dans la région, soixante-quinze après sa mort, interrogations, surprises et commentaires, mais surtout un silence gêné comme si les choix qui furent les siens sous l’Occupation empêchaient de considérer l’antériorité de son implication ans la vie politique française et lotoise.
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Les lieux et personnalités de la guerre 1939-1945 à Cahors
Emanuel Carrére
Même si Cahors a été épargnée par les combats et les bombardements, la préfecture du Lot a quand même été marquée par la Seconde Guerre mondiale. Ville de garnison en 1939, la ville voit arriver à l’été 1940, lors de la débâcle, des dizaines de milliers de réfugiés qu’il faut loger et nourrir à la hâte. Elle voit s’implanter solidement les rouages du régime de Vichy dès juillet 1940. Située en zone dite « libre », Cahors n’est physiquement occupée que le 11 novembre 1942 par les autorités allemandes, composées de quelques centaines de soldats de la Heer1, de quelques cheminots de la Bahnhof et d’une poignée de policiers du Sipo-SD (appelé par commodité Gestapo). Ils réquisitionnent chambres, appartements, maisons privées, hôtels, garages et établissements d’enseignement pour y loger leurs troupes et y abriter leur matériel. Plusieurs groupes ou membres de la Résistance résident et agissent dans la ville occupée au péril de leur vie. Cahors connaît les privations2, les réquisitions, les arrestations de Juifs et de résistants, et elle est libérée sans combat le 17 août 1944
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30 juin 1944 : un crime de guerre à Boissière
Chantale Chabaud
Cette synthèse est issue de recherches effectuées en deux temps par deux personnes différentes. En 1994, Michel Chabaud a recueilli la parole de nombreux témoins: en recoupant les témoignages entre eux et avec les archives auxquelles il a pu avoir accès, il a rédigé un tapuscrit qui a été distribué gratuitement à toutes les familles de Boissières, à celles des fusillés, et déposé dans des bibliothèques et centres d’archives. En 2022, les archives de la Seconde Guerre mondiale étant plus facilement accessibles, j’ai repris les travaux de mon mari pour essayer de vérifier ses hypothèses.
Administrer provisoirement le Lot à la Libération : le Comité départemental de libération (CDL) et quelques Comités locaux de libération (CLL) entre août 1944 et mai 1945
Enzo Delpech
Il s’agit d’’abord de revenir brièvement sur la Libération dans le département et la mise en place d’un nouveau préfet ainsi que du CDL à Cahors. Puis, d’analyser la composition du CDL cadurcien pour montrer en quoi cette assemblée est représentative des principaux mouvements de Résistance ainsi que des partis politiques de l’époque (PCF, SFIO). Ensuite, la conférence montrera les premières mesures prises par ce CDL et reviendra sur le cas controversé de l’Épuration.. Enfin, et surtout, elle se penchera sur la mise en place des comités locaux (CLL) de six communes et leur rôle dans l’administration communale entre le début de l’automne 1944 et les élections municipales d’avril – mai 1945.
L‘histoire du stade Lucien-Desprats à Cahors
Jean-Louis Conte
L’histoire du stade Lucien-Desprats débute avec la création d’une équipe de « football-rugby », le futur Stade cadurcien.Le 26 octobre 1910, à l’initiative de Paul Orliac, pharmacien à Cahors, une poignée de jeunes sportifs souhaitent créer une société sportive pour jouer au football. « Football » en effet, car à cette époque on parlait de football et non de rugby mais le jeu pratiqué se jouait avec les mains et les pieds. Mais Cahors ne possédait pas de terrain digne de ce nom. Le colonel Reibell, commandant le 7e régiment d’infanterie, va débloquer la situation. Il propose de prêter le terrain situé au lieu-dit Roc de l’Agasse où joue l’équipe du régiment. À la même époque, signe avant-coureur, un jeune rameur nommé Lucien Desprats avait l’habitude, une fois l’entraînement terminé, de traverser le Lot pour aller jouer au football avec des camarades, sur un pré situé sur l’île. ………
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Quand André Breton découvrait Saint-Cirq-Lapopie
Michel Auvray
Le vendredi 5 août 2021, la Société des études du Lot organisait l’une de ses « sorties » à Saint-Cirq-Lapopie. Malgré la présence de nombreux touristes, notre plaisir était grand : l’historien médiéviste Patrice Foissac, qui venait de travailler à un ouvrage sur le riche passé de ce village, était ce jour-là notre guide.Parvenus presque au terme de notre visite, devant l’auberge des Mariniers où résida quinze étés durant André Breton, Patrice eut la gentillesse de me donner la parole : après cinq ans de recherches, je venais de publier une Histoire des Citoyens du Monde. J’entrepris donc de situer brièvement le parcours du poète surréaliste dans cette épopée.
(de G à D) Borne de Saint-Cirq-Lapopie à Bancourel (2014), borne au pont Valentré, Cahors (2019) et nouvelle borne de Saint-Cirq-Lapopie (2019) (Photos Michel Auvray).
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Quelques oiseaux en liste rouge observables dans le Lot, rares, nicheurs, hivernants ou de passage
Alain Fouclet
Cette étude se propose d’aborder la situation présente d’un certain nombre d’oiseaux nicheurs, hivernants et de passage, observables dans le Lot, tels que les répertorie la « Liste rouge ». La Liste rouge nationale permet de mesurer le degré de menace pesant sur les espèces d’oiseaux recensées sur le territoire métropolitain, pour chacun de leur statut de présence (nicheur, hivernant ou de passage). L’état des lieux a été mené par le Comité français de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et le Muséum national d’Histoire naturelle, en partenariat avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), la Société d’études ornithologiques de France et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
De g. à d.: guêpier d’Europe, martin-pêcheur d’Europe et chardonneret élégant (photos Alain Fouclet)
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La loutre d’Europe, histoire d’un retour
Mathieu Flaujac
La loutre d’Europe (lutra, Linné) est un mammifère carnivore aquatique de la famille des mustélidés, au même titre que le blaireau, la martre, la fouine, et de la sous-famille des lutrinés dont elle est la seule représentante en France métropolitaine.Son adaptation aux milieux aquatiques en fait une nageuse et une pêcheuse hors pair au comportement vif. Son corps est allongé, fusiforme, généralement pourvu d’une longue queue effilée, alors que ses pattes sont courtes et munies d’une palmure entre les doigts. Le pelage, très dense, est de ce fait imperméable à l’eau.Qui parle de loutre a souvent en tête l’image de la loutre de mer, sympathique grosse peluche flottant sur le dos, cassant un oursin sur son ventre à l’aide d’une pierre et frayant, en fait, dans le Pacifique Nord.La confusion est facile car il existe treize espèces de loutres à travers le monde. Leur sous-famille (les lutrinés) est assez uni forme et les diverses espèces sont fort semblables, tant au niveau de la forme générale que de la coloration. La plus proche parente étant la loutre de rivière (lutra canadensis) avec qui on la confondrait volontiers si elles ne vivaient toutes deux sur deux continents bien séparés.Le mot « loutre » vient du latin lutra ou lytra, mot construit sur une racine qui existe en latin, mais dont l’origine est grecque: lùo qui signifie laver ou baigner, du grec louô de même sens.
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Le «Lot illustré» de Léon Mailhol : un inventatre photographique du patrimoine lotois
Joanna Cassoudesalle
Léon Mailhol était un instituteur passionné d’histoire et de patrimoine. Né à Castelnau-Montratier en 1888 et décédé à Cahors en 1960, il a exercé en tant qu’instituteur à Saint-Germain-du-Bel-Air, à Terrou puis, à partir de 1932, à Sauzet. Amateur d’histoire et d’archéologie locale, dans les années 1930 il entreprend à titre personnel d’établir un inventaire photographique du patrimoine lotois. Son départ à la retraite anticipée vers 1937 lui donne l’occasion de se consacrer entièrement à ce vaste chantier. Ses fils Pierre (1925-1974) et, dans une bien moindre mesure, Jean-Marc (1929-2020), ont participé à ce projet. En particulier Pierre qui, à partir de 1956, aurait fortement secondé Léon Mailhol dans ses campagnes photographiques et les aurait poursuivies en pointillé jusque dans les années 1960.
Pressoir à huile aux Bories
Puits-pigeonnier communal à Plagnoles
Tuilerie de Puy Blanc
Borne de Terral avec croix de Malte, Sénaillac-Latronquière
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Jean Mouliérat, le ténor quercynois mécène et restaurateur du château de Castelnau-Bretenoux
Danièle Mariotto
Né à Vers en 1853, Jean Mouliérat, après la découverte fortuite de son donpendant son service militaire, entre au Conservatoire et fait une carrière de ténor à l’Opéra-Comique. Il interprète les plus grands rôles : Andréa, dans Le Secret, d’Auber, sur un livret de Scribe, Wilhem Meister, dans Mignon, d’Ambroise Thomas, Tybalt dans Roméo et Juliette de Gounod, Don José dans Carmen de Bizet, Tamino dans La Flûte enchantée de Mozart, Alfredo dans La Traviata de Verdi. En 1893, il brillera dans le Werther de Massenet, qui lui dédicaça une photographie, conservée au château de Castelnau-Bretenoux, qui abrite une collection de ses costumes de scène de Manon à Werther.Atteint d’une maladie des cordes vocales, il doit mettre un terme à sa carrière en 1898.
Les fièvres du phosphate
Thierry Pélissié
Les phosphatières s’apparentent à des gouffres perdus au milieu des bois dans la partie sud des Causses du Quercy (figure 1). Et pourtant, même si encore aujourd’hui la tentation est grande d’utiliser ces cavités comme dépôts d’ordures clandestins, leurs richesses patrimoniales sont incomparables. S’y cachent des éléments exceptionnels suscitant, depuis le XIXe siècle, une grande fébrilité dans les domaines industriels mais également paléontologiques, géologiques et environnementaux.
Au début du XIXe siècle, le rôle fertilisant du phosphate fut âprement discuté avant d’être définitivement validé. En 1887, Stanislas Meunier écrivait: “On peut dire que l’importance agricole d’un pays est exactement mesurée par la quantité de phosphate de chaux qu’il consomme.” Dans le contexte de la révolution industrielle, afin d’améliorer la productivité agricole, une véritable fièvre saisit l’Europe.
A propos des auteurs et des musiciens
Jean-Pierre Amalric a été professeur à l’Université de Toulouse Jean-Jaurès. Il a présidé de 2000 à 2010 la Fédération historique de Midi-Pyrénées.
Michel Auvray, historien et journaliste, a travaillé dans l’éducation populaire (Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation actives), a dirigé les publications et les activités culturelles du Comité d’action et d’entraide sociales du CNRS
Étienne Baux, agrégé d’histoire, a enseigné aux lycées Gambetta et Clément-Marot de Cahors.
Nelly Blaya est une photographe passionnée, qui a décidé, dès ses débuts professionnels, que le département du Lot suffirait à combler ses désirs d’images.
Jacques Carral,est administrateur civil honoraire. Docteur ès lettres, ancien élève de l’École nationale d’administration, il est également diplômé de l’Institut d’études théâtrales de l’Université Paris-Sorbonne.
Emmanuel Carrère : après une maîtrise d’histoire sur la Seconde Guerre mondiale, préparée aux États-Unis, et un diplôme universitaire d’études touristiques, il choisit l’animation du patrimoine.
Joanna Cassoudesalle est archiviste, chargée des archives figurées, sonores et audiovisuelles aux Archives départementales du Lot. Diplômée d’une maîtrise en histoire de l’art et d’un master archives et images de l’Université de Toulouse-2.
Chantale Chabaud, professeure certifiée puis agrégée d’histoire-géographie au collège Gambetta de Cahors, elle a été en charge du service éducatif des Archives départementales du Lot de 1996 à 2008.
Jean-Louis Conte est retraité de l’agriculture. Passionné par l’histoire du département du Lot et celle du bagne, Enzo Delpech, originaire de Gramat, est spécialisé sur la période contemporaine et notamment sur le XXe siècle dans le département du Lot. Il a soutenu un master recherche en histoire à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Limoges.
Geneviève Dreyfus-Armand a tous ses ascendants originaires du Lot. Conservateur général des bibliothèques, docteur en histoire, directrice honoraire de La Contemporaine, bibliothèque, archives et musée des mondes contemporains, Université de Paris Nanterre.
Mathieu Flaujac, animateur nature de formation, passionné par l’ornithologie et la botanique, a passé de nombreuses années dans les Pyrénées à accompagner des groupes d’enfants et d’adultes à la rencontre de la nature sauvage.
Patrice Foissac, professeur d’histoire-géographie honoraire, docteur en histoire médiévale de l’Université Toulouse-Jean-Jaurès, chercheur associé à l’UMR Framespa1-groupe studium, ancien président de la SEL.
Alain Fouclet, ancien professeur de génie électronique (sciences de l’ingénieur). Après des études de photographie au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) en complément de sa formation de sciences physiques, il a pratiqué la photographie scientifique au laboratoire de recherche appliquée de la CII-Honeywell Bull dans les années 1970.
Maxime Gazaud, originaire de Saint-Daunès, titulaire d’un master en histoire médiévale à l’Université Toulouse-2 Jean-Jaurès.
Marc Lecuru, né le 11 août 1947. Chirurgien-dentiste retraité. Maire de Cahors de 2003 à 2008. Président de la Société des études du Lot depuis 2021.
Danièle Mariotto, titulaire d’une maîtrise d’histoire, est retraitée de l’administration de l’Éducation nationale depuis 2015.
Charles Montin est ancien élève de l’École nationale d’administration, diplômé de Sciences-Po et de la Sorbonne. À l’issue d’une carrière à Paris et à l’international (ONU, OTAN, etc.), il se retire en 2014 dans le village de ses ancêtres.
Thierry Pélissié, géologue et spéléologue, il arpente les « dessus et les dessous » des Causses depuis son enfance. Enseignant en Sciences de la vie et de la terre (SVT) pendant plus de trente ans, il participe aux travaux de recherche, sur le Jurassique du Quercy avec l’université de Toulouse et sur les phosphatières avec l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier.
Guy Réveillac a été instituteur dans l’enseignement public, exerçant dans des classes de tous niveaux tout en s’impliquant dans des associations de l’éducation populaire. Les huit dernières années d’activité, il a accompagné, comme enseignant spécialisé, des élèves handicapés moteurs intégrés dans des établissements ordinaires, de l’école maternelle jusqu’au lycée.
Didier Rigal est un archéologue lotois responsable d’opérations à l’Institut national des recherches archéologiques préventives (INRAP), chercheur à l’UMR 5608 « Traces » de Toulouse, administrateur de la Société des études du Lot et président de l’association Archéologie lotoise. Il a dirigé de nombreuses fouilles préventives dans le Lot,
Jean-Michel Rivière. Retraité du ministère de l’Intérieur. Attaché de préfecture. Carrière entièrement effectuée à la préfecture du Lot. Jusqu’en 2015, chargé de la communication interministérielle et de la préparation des dossiers du préfet.
Michaël Vidal a étudié la flûte à bec aux Conservatoires de Clermont-Ferrand et de Saint-Étienne, où il a suivi également des cours de piano. Après une licence de musicologie, il a étudié au Centre de musique ancienne de Genève. Titulaire d’un master de musicologie, iI est un musicien multi-instrumentiste formé aux musiques traditionnelles.
Des associations culturelles du Lot
En clôture du colloque, la SEL a donné la parole à des associations amies et partenaires pour présenter leurs activités sur le modèle de « Ma thèse en 180 secondes ». Les associations suivantes ont bien voulu répondre à notre appel et se faire représenter, nous les remercions chaleureusement ainsi que Patrice Foissac, coordonnateur du Forum des associations :
Gilles Chevriau pour Quercy-net, le Portail internet du Quercy
Jean Ripert pour Carrefour des sciences et des arts
Philippe Deladerrière pour l’Association de Recherche pour l’Histoire des Familles (ARHFA)
Jean de Chalain pour l’Association pour la sauvegarde des maisons et paysages du Quercy (ASMPQ)
Jean-Luc Couderc pour Les Amis du musée de la Résistance, de la Déportation et de la Libération du Lot
Gilles Fau pour Racines, canton de Gramat
Jean-Marc Tabarly pour les Amis du pays de Saint-Céré
Françoise Costelloe pour Latitude Les Amis de Barbara Phillips (Saint-Martin-
Remerciements
Sans oublier tous ceux et celles, nombreux et nombreuses, qui ont œuvré pour la réussite du colloque, nous tenons à remercier aussi les personnes qui ont rendu possible et attrayante la publication des Actes :
Les membres du CA de la SEL, les Archives départementales du Lot, Michel Auvray; Nelly Blaya, Philippe Deladerrière, Patricia Girardi, Christine Martinez, Charles Montin, Jean-Louis Nespoulous, Jean-Michel Rivière, Xavier et Mickaël Vidal , les nombreux partenaires de la SEL, qui ont rendu possibles l’organisation du colloque et la publication des Actes.
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